dimanche 20 octobre 2013

Etape 5 - Volet 2 : Mieux gérer les fins de journées

19/10/2013

J'ai terminé la phase d'observation des fins de journées. Je suis maintenant dans la phase : Apprendre à les gérer.
Ca consiste à ne pas attendre la fin de la soirée que les choses me dépassent. Il faut, régulièrement, faire un retour sur soi-même. Le conseil, c'est 5 ou 10 minutes de RPC toutes les 2 heures. Ca paraît énorme, mais c'est aussi ce qui est demandé à un automobiliste : faire une pause toutes les 2 heures. En gros, ça revient à se demander à soi-même de nouvelles de son corps, de ses pensées, de ses émotions. Ainsi, le soir, on est en phase avec soi-même.
Ensuite, le soir, il faut faire un "sas", entre la fin de la journée et le début de la soirée. Ca peut être une activité quelconque, du moment qu'elle ne soit pas absorbante. Ca peut être un soin du corps. Ca peut aussi être une respiration de pleine conscience avec l'enregistrement audio spécial "Fin de journée", qui dure 10 minutes.

Hier, vendredi, c'était le dernier jour d'école avant les vacances de Toussaint. Pas le temps de faire une pause, j'ai corrigé, corrigé, corrigé, préparé l'après-midi. Je n'avais pas faim, alors je me suis autorisée à ne pas manger (la veille, je n'avais pas pu m'y résoudre, j'avais mangé avec une toute petite faim, et comme j'étais nerveuse, j'ai dépassé ma satiété, sciemment - mais j'ai réussi à m'arrêter avant de terminer le plat. Du coup, le soir, je n'ai eu la bonne faim qu'à 23h30 !)
Donc pas de RPC.

J'ai eu faim un peu avant la récréation de l'après-midi, il me tardait que ça soit l'heure ! Quand ils sont sortis, je me suis jetée sur le reste des céréales de la veille, que j'avais emporté, et j'ai eu le temps d'en manger une cuillerée (délicieuse !) et un élève est venu me dire que le directeur avait besoin de moi tout de suite. Pfff... J'ai râlé, mais comme il ne fait jamais ça, je me suis dit que ça devait être important. En fait, c'était pour passer un moment agréable : il avait fait une tarte aux pommes pour l'anniversaire d'un nouveau membre de l'équipe. Délicieux ! Enfin, c'était une tarte aux pommes honorable, bonne, mais ma mère est bien meilleure pâtissière, la pâte pas assez cuite, mais comme j'avais faim, je me suis régalée de la texture moelleuse de la pâte, du goût acidulé des pommes, et du moment. Délicieux ! Et puis c'était une jolie attention.

Après le dernier round de classe, il y a eu le soutien, donc pas de temps pour moi et ma RPC. Puis j'ai pris un moment pour profiter du dernier jour. Le dernier jour avant les vacances, j'aime bien discuter avec l'ATSEM qui fait la garderie et les dames qui font le ménage, en regardant les élèves jouer. C'est bien, de rester un peu plus tard, quand on sait qu'on n'est pas obligé de revenir le lendemain !

Et au retour chez moi, je n'avais pas envie de faire ni soin du corps ni 10 minutes de sas de décompression. Mais je l'ai fait quand même. Ca m'a fait un bien fou. Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait de vraie RPC (quelques retours sur moi, en éclair, c'est tout). J'ai retrouvé les réflexes, les sensations, le plaisir de me trouver, sous les pensées, de reprendre conscience de mon corps.
A la fin de l'enregistrement, Apfeldorfer dit que maintenant, on peut envisager en pleine conscience du déroulement qu'on souhaite donner à la soirée.

Mouais. Je n'étais pas convaincue. Déjà, ça n'a rien de révolutionnaire, le sas de décompression d'après boulot. Et puis la fatigue, le relâchement de fin de période scolaire, en général, chez moi, ça se fête par une bonne EME !

Mais en tous cas, ça a marché ! Je suppose qu'il y a un effet psychologique : je n'avais pas envie de "rater" ma première soirée. Encore que ça ne m'a jamais empêchée d'avoir mon EME, ce genre de "pas envie", ni de céder à mon EME, et dans les grandes largeurs ! Donc l'effet psychologique, je n'y crois pas trop. Je crois plutôt à l'effet plaisir hors EME. En effet, j'ai modifié des choses sur le déroulement de la soirée, et je pense que c'est pour ça que je n'ai pas eu l'EME habituelle.

Le soir, comme d'habitude, j'ai attendu ma faim. Elle a débarqué tard, vers 22h30. Quand il est si tard, en principe, je prends le cachet pour dormir avant de manger, pour faire double-emploi : l'EME se confond avec le repas, et ça fait une prise alimentaire de moins. Mais comme le cachet agit avant la fin de mon repas, ça me coupe de mes sensations, donc je dépasse toujours ma satiété, parfois de beaucoup.
Là, j'ai décidé en pleine conscience de le prendre après. Je me suis dit que si je mangeais en profitant à fond de mon repas, peut-être que ça déclencherait assez de plaisir pour que je n'aie pas d'envie émotionnelle de remettre ça. Mes émotions seraient rassasiées aussi.

J'ai mangé seule, il y avait de la choucroute. J'en ai pris mes nouvelles doses. Ca doit faire 3 cm de saucisse, une mini pomme de terre, deux cuillères à soupe de chou. J'ai mangé en pleine conscience, en respirant avant, en me concentrant sur les sensations alimentaires, en mode dégustation (sur l'échelle, j'aurais noté 6 sur 10). C'était un pur délice ! Le chou avait trop goût à viande à mon goût, mais c'était une sensation d'une telle richesse, que c'était trop intéressant pour être mauvais ! Et puis dessous, il y avait le goût du vin alsacien (sans le goût de viande, j'aurais adoré !).

Ensuite, j'ai pris du gâteau fait par une maman d'élève, pour l'anniversaire de son fils. Il n'est pas dans ma classe, mais le gâteau était assez gros pour nourrir toute la classe du petit, tous les enfants de la garderie, j'en ai pris l'équivalent de deux parts (une pour mon mari) et il en restait encore ! Je l'ai dégusté. J'ai réussi à m'arrêter à la moitié, pour savoir si j'avais encore faim. Je n'ai pas réussi à savoir. J'ai repris un petit bout de gâteau, pour voir si le goût s'était altéré (quand on n'a plus faim, ou plus faim d'un aliment, le goût s'altère). Il était toujours aussi bon. Respiration... Un autre petit bout... Respiration... un autre... Et là, pof, le goût n'était pas le même, pas intéressant. Je l'ai remis au frigo sans regret !
En ouvrant le frigo, j'ai vu le raisin. J'en ai eu envie, alors j'ai pris deux grains. Ils étaient délicieux. Je n'ai pas eu envie d'en prendre davantage.

[Je relis mon article, et ce passage m'interpelle... C'est inédit, ça, chez moi : après un gâteau, avoir envie de terminer sur un goût de fruit... En principe, pour me satisfaire, c'est l'inverse que je fais ! Terminer par le goût riche du gâteau ! Là, j'avais envie d'avoir dans la bouche le goût simple du fruit. C'est un authentique changement inconscient : ne pas sacraliser le gâteau, juste écouter l'envie.]

J'ai pris mon cachet, et je me suis remise à tricoter devant ma série, en attendant qu'il fasse effet. Quand il a commencé à faire effet, j'ai appliqué un peu de pleine conscience à la progression de son effet. Au bout d'un moment, j'ai eu envie de chocolat. J'ai fait un peu de retour sur moi, et bon, j'ai décidé de me l'accorder, et de voir ce que ça donnait. Ce n'était pas tout à fait l'EME habituelle. J'étais davantage connectée à mes sensations, un peu vaporeuse, mais pas autant que d'habitude. Peut-être que je me réfugiais moins derrière l'effet de vaporisation, comme "excuse". J'étais davantage dans le mode "Expérimentons et voyons ce qu'il se passe". J'ai pris ma barre de chocolat (une tuerie qui vient de chez la dame éco-protectrice qui vend les légumes - et du chocolat fabriqué localement, par des gens qu'elle connaît. Noir, aux amandes, un goût puissant, sec, profond). Je l'ai mangée en mode dégustation, en me souvenant des conseils de Zermati, sur le réconfort. Ca m'a comblée.
Au bout d'un moment, j'ai rangé mon tricot, éteint l'ordi et la télé, et je suis allée me coucher.

Ce matin, je me demandais si j'avais dépassé ma satiété de beaucoup ou pas. La réponse est venue à 10h30 : contrairement à d'habitude, j'ai eu faim ! Donc je n'ai pas dépassé, ou pas de beaucoup. Mon corps a eu besoin de carburant dès le matin, alors que la veille (et la plupart des jours où je ne mange pas si je n'ai pas faim), il n'en avait pas eu besoin avant 15h30 !

Ca ne veut pas dire que ce soir, ça fonctionnera. Mais en tous cas, ça fait une soirée de plaisir complet au compteur !
Et... il reste du chocolat !

2 commentaires:

Jo-Elle a dit…

Le point noir pour moi était le retour de l'école... entre 17 h 30 et le repas du soir...
Je sais maintenant que c'était lié à la fatigue et à l'angoisse de la suite de la journée, en tant que mère de famille à ce moment-là.
C'étaient 3 repas ( ou 3 prises d'aliments...): goûter, préparation du repas avec grignotages -fromages-, repas...

Maintenant que j'ai le temps, j'essaie au max de préparer le repas du soir le matin et le ventre plein pour déserter la cuisine à ces heures si besoin; je m'occupe aussi les mains à ces moments

Par contre, jamais mais jamais eu de tentations après le dîner... mais pas eu de télé dans cette période. En fait je ressortais souvent pour 20h 30 ( réunions diverses pour mes activités de bénévolat, gym plusieurs années ou piscine...)

Au fait ce matin juste du thé, car chouette repas hier soir... j'écoute ma faim

Pattie a dit…

Dans l'enregistrement audio qui accompagne le sas de décompression "journée/soirée", Apfeldorfer dit : "Votre soirée ne sera pas dictée par la manière dont s'est déroulée votre journée". Ca fait du bien qu'il y ait des mots posés dessus. Les 24h ne sont plus une continuité, ils sont entrecoupés, ils sont constitués de moments différents, chacun avec sa spécificité.
Un peu comme lors d'un repas, quand on prend la peine de se poser entre chaque bouchée, de reposer ses couverts, pour profiter du moment. Quand on prend la bouchée suivante, c'est un autre moment.