vendredi 25 octobre 2013

Pancakes et notion de suffisance

23/10/2013


Hier, j'ai fait des pancakes (ce sont mes premiers pancakes. La recette vient du site cuisine AZ - rien à voir avec Apfeldorfer et Zermati !). Les premiers étaient salés, avec jambon et fromages (gruyère ou chèvre ou roquefort), et trois pancakes non sucrés, mais avec une noix de pécan dedans, à manger avec du sirop d'érable.
Pour le salé, j'en ai mangé des quarts, ce qui m'a fait l'équivalent d'un entier (encore que mes quarts sont plus petits que des vrais quarts).
Pour le sucré, j'en ai pris un entier. Je n'ai pas pu le terminer. J'ai eu énormément de mal à le laisser dans mon assiette. C'était tellement bon !

Les premières bouchées avec le sirop d'érable était un vrai régal. Assez vite, je m'en suis lassée : trop sucré. J'avais envie du goût de la pâte, du un peu craquant et du moelleux un peu ferme en dessous. J'ai donc continué en mangeant les zones moins touchées par le sirop. Le plaisir est revenu, encore plus intense : parce que là, ça correspondait exactement au pancake que mon cerveau avait envie de manger. Et puis paf, la tuile ! Le goût s'est affadi.
J'ai quand même pris une ou deux bouchées, pour voir. Ca n'avait pas de goût.
J'ai reposé ma cuillère, j'ai attendu un peu. J'en ai repris. Un vague goût de bon, mais rien de comparable.
J'ai fini par arrêter, parce que face à ça, il n'y a rien à faire. On ne peut pas obliger le corps ou le cerveau à trouver du goût là où il n'en trouve plus.

Le soir, quand j'ai eu mon EME, j'ai choisi de manger une barre de chocolat. Il était moyen (bon, mais pas de quoi sauter au plafond), alors que c'était le même qui m'avait enchantée en fin de semaine. Du coup, je n'ai même pas essayé de terminer mon quart de pancake sucré. Quand ça veut pas, ça veut pas.

C'est très nouveau, par rapport à "arrêter parce qu'on a terminé la dose qu'on avait prévu de s'octroyer", comme je le faisais quand je faisais le rééquilibrage WW. A ce moment-là, c'était ma tête, ma raison, qui me disait stop. Mon envie, elle, était toujours là, mon plaisir aussi (enfin, ce que je prenais pour du plaisir à ce moment-là, qui n'a rien à voir avec l'intensité que je découvre).

Ca n'a même rien à voir avec "arrêter parce qu'on a mangé suffisamment", parce que notre corps dit stop, que le ventre est tendu, ou tout autre signe qui indique qu'on a assez mangé (les mangeurs régulés ont des signes moins agressifs et plus subtils qui les poussent inconsciemment à arrêter de manger).
La notion de suffisance, pour moi, elle est très très floue.

Ce qui s'est passé, c'est que j'ai arrêté parce que le plaisir s'était arrêté, et que l'aliment devenait désagréable. On ne peut pas dire que j'étais de bonne humeur, d'ailleurs. En deux secondes, le plaisir s'arrête. Les boules. C'était pas du tout un moment de victoire, de lâcher mon pancake. Je m'étais sentie victorieuse en mettant ma crème de marrons sous film, au début de la méthode. Là, non. Ca me faisait l'effet de me heurter à un mur infranchissable : y a pas de plaisir, pas moyen de le déclencher, la seule solution est d'y renoncer. Renoncer au bon plaisir de la crème de marrons, en début de méthode, ça n'a rien à voir avec renoncer au plaisir ultime de la dégustation, en milieu de méthode.

Ensuite, une fois décidée, je me suis concentrée sur le plaisir que je venais d'éprouver, et la bonne humeur est revenue.

Et du coup, finalement, c'est une victoire (enfin, plutôt une découverte : "victoire", c'est quand on se bat, et je ne me bats pas, j'explore) : j'ai découvert les limites du plaisir de la dégustation. Ce que Zermati dit dans son livre "Maigrir sans régime", sur le changement du goût, la baisse du plaisir, c'est vrai. Quand le corps n'en a plus besoin, le cerveau se débrouille pour que la personne ait envie d'arrêter.

Donc je me suis arrêtée parce que j'avais mangé suffisamment, finalement. La suffisance est une notion très floue pour moi. J'ai la chance d'être soutenue dans ma démarche par deux amis que j'apprends à connaître : le corps, qui ne parle pas du tout ma langue, et le cerveau, qui est un excellent traducteur, mais qui parle tout bas tout bas. Et pour eux, la suffisance est une notion très claire.

Je sais que si je veux, je peux continuer à manger au-delà de ma suffisance. Que parfois, la pauvreté du plaisir, ou même son absence, ne me dérangera pas. (Je parle du plaisir de manger, pas du plaisir de se remplir. Ils ne sont pas pareils. Le plaisir de manger est bien plus intense. Le plaisir de se remplir était quand même un plaisir aussi, et je sais que je peux le retrouver, simplement en mangeant trop, si un jour je décide de faire un pied-de-nez à mon copain traducteur qui parle tout bas tout bas.)
Mais si les régimes ne fonctionnent pas pour moi, pas plus que les rééquilibrages alimentaires, c'est parce qu'il n'y a pas de plaisir (régime) ou un plaisir très pauvre qui diminue (rééquilibrage). Je pense qu'une méthode où le plaisir est le centre, le langage parlé par le corps pour me faire comprendre ses besoins, c'est une méthode à laquelle j'aurais envie de revenir, après m'être bien auto-flagellée en mangeant sans plaisir intense. Je comprends pourquoi la stabilisation peut se faire avec cette méthode. Parce qu'on n'a pas envie de l'arrêter, ou parce que la recherche du plaisir pousse à y revenir.

C'est un peu ce que dit Olga, dans son blog : c'est la première méthode où il ne lui tardait pas d'arriver au bout, la première fois qu'elle envisageait de faire ça jusqu'à la fin de sa vie. (J'ai lu tout son parcours le week-end dernier, en commençant par la fin pour avoir l'ordre chronologique).

Aucun commentaire: