mercredi 16 octobre 2013

Le cachet pour dormir

13/10/2013

Je reste lucide : le cachet du soir est un beau prétexte. Je peux changer des choses pour qu'il n'ait pas à tous les coups un effet alimentaire. Je ne le fais pas. Pas encore. Peut-être un jour ?

Comme je l'écrivais dans mon article qui (si je ne me suis pas trompée dans la planification de la série) a été publié hier, avant, il m'apportait LE seul moment de la journée où je mangeais sans arrière-pensée. Le plaisir d'une pause dans le contrôle permanent (la lutte, en période WW) ou dans la culpabilité (la lâcheté, la faiblesse, en période non WW).

Maintenant, les choses ont changé. Je ne suis plus dans le contrôle, ni dans la culpabilité. Je suis dans l'écoute de moi et dans le plaisir ! Du coup, le moment de déplaisir de la journée, c'est mon ancien moment de plaisir. Déplaisir est un mot fort. Mais pas si faux : manger une crêpe en pleine conscience, c'est un pur plaisir intense. Manger deux crêpes, même avec un peu faim, en étant un peu vaporeuse sous l'effet du cachet, c'est un plaisir, certes, mais faible ! Je n'utilise pas toute ma conscience, donc le plaisir ne s'étend pas à toute ma conscience.

J'ai envisagé des moyens pour pallier l'effet du cachet.
Le soir, mon mari et moi faisons télés séparées. Lui, au salon. Il aime regarder des films et les arrêter en cours de route, mettre une série, l'arrêter, reprendre le film, l'arrêter, regarder une émission politique ou un match, reprendre la série... Moi, non ! Je regarde en continu, du début à la fin. Donc télés séparées.
Je suis dans la cuisine, je joue à des jeux sur l'ordi (Candy crush saga, et deux jeux où il faut cliquer à intervalles réguliers pour gérer une ferme ou une cité), tout en regardant des séries à la télé et en tricotant. Je suis bien dans le profil décrit par A/Z, de la mangeuse restreinte qui se noie dans les activités. Je prends mon cachet tout en continuant mes activités. Quand il agit, j'essaie d'arrêter le tricot (parce que sinon, je fais des erreurs, et je dois détricoter le lendemain). Puis un moment après, je mange, et un moment après j'éteins tout, j'embrasse mon couche-tard de mari et je vais me coucher.

Ce que j'ai envisagé de faire, peut-être un jour, c'est de faire mes activités du soir, comme d'habitude. Puis de prendre mon cachet, d'éteindre l'ordi, la télé, de ranger mon tricot et mes aiguilles. Prendre un livre, aller me coucher, profiter de ma lecture. Et quand le cachet fait son effet, être dans mon livre, dans mon lit, loin du frigo et du placard.
Ca me permettrait de prendre du recul, de mettre mon EME en perspective : est-ce qu'elle nécessite vraiment que je sorte de mon lit ? Peut-être que oui, peut-être que non.

En tous cas, pour que change le fait qu'elle aboutisse toujours à une prise alimentaire, il faudra avant tout que je change quelque chose dans le déroulement de ma soirée. La lecture est un énorme plaisir depuis que je suis petite, depuis le CP, où j'avais dévoré le livre de lecture dès que j'avais été assez autonome pour le faire. Depuis que je suis instit, je lis moins. Et plus le temps passe, moins je lis. Depuis que je tricote, je ne lis pratiquement plus, sauf pour la classe (je lis tous les romans que mes élèves empruntent au bibliobus), pour apprendre un point de tricot ou déchiffrer un modèle. En ce moment, je lis un documentaire : "Maigrir sans régime", de Zermati, et ensuite j'ai "Mangez en paix !" d'Apfeldorfer. Rien à voir avec mes lectures de prédilection.

Patiemment, dans ma bibliothèque ou déjà dans les cartons en attendant mon futur déménagement, m'attendent un ou deux Stephen King, un John Irving, un Cavanna, une série de fantasy écrite par une auteur amateur qui avait publié le premier tome sur un site de publication bénévole en ligne où je travaillais à la correction des textes, et plein d'autres merveilles, comme le tome 1 du "Trône de fer" ou la version complète du Journal d'Anne Franck. Sans parler de ceux que je n'ai pas encore achetés, puisque je sais que je ne prendrai pas le temps de les lire : les derniers John Irving, le Cavanna où il parle de sa maladie de Parkinson (mais celui-là, je ne suis pas pressée. J'ai cherché sur internet, un soir, pour trouver un texte des Ritals où il parle de son amour pour la lecture - mon exemplaire est chez mes parents - et j'ai appris qu'il avait cette maladie, et j'ai lu une interview où il en parle, et j'ai pleuré, donc je ne suis pas pressée de le lire).

Si je décide de changer le déroulement de ma soirée, je pourrais renouer avec la lecture de romans.
Ca n'empêchera peut-être pas l'EME d'aboutir sur une prise alimentaire. Mais au moins, je renouerai avec un plaisir.

Pour le moment, je ne le fais pas. J'attends d'en avoir envie au point de le faire. Je ne cherche pas à m'obliger.

La semaine dernière, je n'ai pas mangé pendant mon EME. C'était bizarre. Je me suis levée, pour prendre un truc à grignoter, et puis au lieu de ça, j'ai éteint ordi et télé, j'ai embrassé mon mari et je suis allée me coucher. Il n'y avait rien de prémédité, aucun enjeu, aucune volonté consciente. Juste que je me suis levée pour faire une chose et qu'au final, j'en ai fait une autre, parce qu'une fois debout, mon envie a changé. C'est la première fois depuis un temps immémorial que je ne mange pas pendant une EME du soir. (Ah si, l'année dernière ! Au prix d'une volonté gigantesque, toute inquiète et déprimée, j'ai réussi à ne pas manger, parce qu'on devait faire une prise de sang à jeun pour monter le dossier d'assurance pour le prêt immobilier de notre future maison ! Mais rien à voir avec la facilité et le naturel de la semaine dernière).
Ca ne s'est pas reproduit, mais ce n'est pas grave. Le fait même que ça se soit produit est tellement étrange et nouveau !

2 commentaires:

Jo-Elle a dit…

"la mangeuse restreinte qui se noie dans les activités"
C'est moi aussi cela...

Je te propose une solution.... Il y a déjà plusieurs années je me suis aperçue que lorsque je suis sur le point de craquer pour une prise surabondante de nourriture et que je sais que cela va se passer, j'allume la radio pour retrouver le son de France Inter que j'écoute depuis mes 12 ans... et puis un jour je me suis demandée pourquoi ce geste que je fais quasi automatiquement
Et là j'ai vu une image de moi seule à 12 ans dans le nouvel appartement familial après notre déménagement de Paris. Déménagement des Halles de Paris à Rungis pour mes parents avec tout le stress que cela engendrait pour eux et pour nous aussi ( changement d'école à 12 ans d'une école -religieuse- rien que de filles fréquentée depuis la maternelle à un collège (CES de l'époque) mixte en plus...)
Bref, j'ai vu cette image, je me retrouvais souvent seule dans cet appartement mes parents rentrant beaucoup plus tard chez nous (avant nous habitions au-dessus de la boutique) e ils ne parlaient ensuite QUE de leur travail, de leur nouveau patron, de leurs nouveaux locaux tout neufs mais pas encore fonctionnels
(mon gd-père avait pris sa retraite et ils avaient été embauchés ailleurs...)
En écrivant cela je m'aperçois que c'était dur pour eux aussi... mais ils étaient deux... et moi seule (trop) souvent

J'en viens à ma conclusion; si je fais l'effort maintenant que je le sais en plus, DE NE PAS ALLUMER LA RADIO, ma conscience s'alarme et me lance des signaux vers cette prise possible de nourriture excédentaire. Si j'allume la radio c'est que je valide la prise en pleine conscience maintenant !!!

Recherche l'enchaînement de TES actions et essaie de trouver le chaînon que tu peux rompre en plein conscience... tu n'en es pas loin... une changement de lieu pour la prise de ton cachet ????

Les rituels j'y crois à fond...
Bonne journée

Pattie a dit…

C'est super que tu aies eu ce retour sur ton passé ! C'est bien quand on trouve les clefs d'un comportement, parce que comme ça, on peut envisager de le modifier.
Je ne sais pas pourquoi je choisis la nuit, pour mon EME. Peut-être parce que c'était le seul moment où j'étais seule. J'ai deux frères, et à part dans ma chambre, pour lire, je n'étais jamais seule. Je n'aime pas être seule trop longtemps, mais j'aime être seule. La cuisine déserte avec tout le monde au lit, ça pouvait devenir mon royaume, quand j'ai eu le droit de me coucher tard. Je pouvais y faire, en clandestine déclarée, tout ce qui dérangeait le reste de la famille : lire (au lieu d'aller jouer dehors !), regarder des films en VO sous-titrés, et manger (sauf les trucs prévus pour les repas de la famille - ou alors un tout petit peu, pour que ça ne se voit pas !).
J'aime un vers d'un poème d'Aragon : "Et personne à qui de rien rendre compte". La nuit, c'est mon moment comme ça. Et comme manger, c'est un truc sur lequel je dois rendre des comptes (à ma balance, à mes vêtements, au regard des autres), c'est devenu une activité hautement importante dans ce moment précis.