dimanche 3 novembre 2013

Etape 6 - Volet 3 : Réapprendre à manger pour se réconforter

31/10/2013
10h

Dans le livre de Zermati ("Maigrir sans régime"), il dit que c'est normal de vouloir se réconforter avec de la nourriture, que tout le monde le fait, et que ça fonctionne. L'une des définitions de l'obésité qu'il propose, si je me souviens bien (j'ai prêté mon exemplaire, je ne peux pas vérifier) est une augmentation des cellules adipeuses, accompagnée de l'incapacité à se réconforter avec de la nourriture.

Les mangeurs régulés savent se réconforter par plusieurs moyens, notamment la nourriture. Leurs repas suivants se régulent d'eux-mêmes, inconsciemment. Zermati décrit notamment un de ses réconforts, et il y arrive drôlement bien.

Les mangeurs non régulés, quand les autres moyens ne fonctionnent pas, se tournent vers la nourriture, tout comme les mangeurs régulés (normal : à la base, les deux types de mangeurs sont de la même espèce : humains). Sauf que, comme pour eux la nourriture réconfortante (riche, quoi) est entachée de pensées négatives, elle entraîne un réconfort suivi d'une culpabilité qui anéantit le réconfort, et qui oblige à le chercher de nouveau, ce qui entraîne encore une fois de la culpabilité, etc.
Du coup, ils ont un trouble du réconfort. Ils ne savent plus manger pour se réconforter. Or c'est inévitable de chercher du réconfort dans la nourriture. Les humains sont comme ça. On ne peut pas, durablement, éviter de chercher du réconfort dans sa nourriture.

Du coup, la méthode essaie de nous apprendre à nous réconforter.

Pour cela, il faut choisir un aliment idéal, qui rappelle de bons souvenirs, et le déguster en pleine conscience. A la fin, en principe, on est réconforté.

Pour appliquer cette partie, j'ai eu un souci : je n'avais pas de souci, donc pas de besoin de réconfort (c'est les vacances !).
Et puis finalement, en cherchant bien, je me suis aperçue que je stressais un peu à l'idée du rassemblement familial pour l'anniversaire de ma marraine.
Déjà, les foules m'angoissent.
Ensuite, la dernière grande réunion familiale, c'était pour fêter mon mariage (6 mois après, parce que je ne voulais pas être stressée le jour de mon mariage, donc ce jour-là, c'était en petit comité). Et je pesais à peu près 30 kilos de moins.
Et enfin, pour ma famille proche (parents, frères, belle-soeurs), ça fait un bail que je pesais 30kg de plus, mais je venais de m'apercevoir que ma perte de poids se voyait sur mon visage (dans le reflet de l'ordi, soudain, je l'ai vu). J'étais un peu anxieuse aussi pour ça : est-ce moi qui croyais que ça se voyait, ou bien est-ce que ça se voyait pour de vrai ? (Sérieux, y a des motifs vraiment idiots pour s'angoisser, quand même !!!)

Donc j'ai mangé en mode "réconfort". Je ne me souviens plus du tout des aliments choisis. Et ça marche !
Ca n'empêche pas forcément l'EME du soir, mais en tous cas, je me suis sentie réconfortée après cette expérience.

Après le repas chez ma marraine, j'ai eu une EME, le soir. Mais je n'avais pas faim du tout, mais alors pas du tout du tout, et je n'avais pas pris de citrate de bétaïne (mon remède miracle), parce que je voulais garder le contact avec mes vraies sensations.
Du coup, j'ai fait une séance de RPC, centrée sur les pensées, et puis je suis revenue sur un épisode qui m'a énormément perturbée lors du repas de ma marraine. Ensuite, une fois vraiment revenue au calme, une fois bien réfléchi et digéré cet épisode perturbant, j'ai utilisé l'audio de l'espace de respiration de fin de journée. Et j'ai utilisé cet épisode pour remplir le questionnaire du troisième aliment réconfortant et accéder à l'étape suivant. Ca ne m'a pas empêchée de céder à l'EME ensuite, mais vu le niveau de non-faim, j'ai très très peu mangé.



Voici l'épisode qui m'a perturbée et l'aliment qui m'a réconfortée.

Tout s'est très bien passé, j'ai été nourrie d'amour, comme le dit Apfeldorfer dans son livre "Mangez en paix", j'ai apprécié la musique (il y avait le club de danse de ma marraine, donc c'était repas dansant, j'ai aimé voir mon oncle et ma tante danser, ça m'a rappeler plein de bons souvenirs, j'ai adoré voir les enfants de mes cousins jouer avec mon neveu, aider ma belle-soeur à changer ma nièce sur deux chaises rapprochées et bancales, papoter avec les uns et les autres. C'était vraiment bien !). Petite cerise sur le gâteau : ma famille proche s'est carrément écriée que ma perte de poids se voyait, j'ai dit "oui, je le vois sur le visage", et ma belle-soeur a dit "oui, mais sur les fesses aussi, nettement". La famille moins proche est polie, elle n'a fait aucune remarque (et au fond, il est très possible que la plupart s'en fiche complètement, et que certains soient simplement désolés pour moi, en positif). La foule était bien angoissante, mais je suis restée dans la sphère de ceux que j'apprécie le plus, donc ça allait.

Mais à un moment, en allant me rasseoir, ma grand-tante m'a prise par le bras pour papoter un peu. Et son mari, que je n'apprécie pas (mais bon, il la rend heureuse depuis plus de 40 ans, donc bon...), a demandé qui j'étais. Ma grand-tante le lui a rappelé (il a 95 ans, il est beaucoup plus âgé qu'elle), et il était tout content de me voir, parce qu'il apprécie ma mère. Au moment de retourner m'asseoir, il a gardé ma main dans la sienne (déjà, pour moi qui suis un peu angoissée par les gens que je connais mal, paralysée par mon extrême politesse, et le sentiment aigu de mon hypocrisie, c'était pas un excellent moment). Ma grand-tante lui a dit "Allons, voyons, lâche-la, qu'elle puisse aller manger !" Il a répondu "Non, il ne faut pas qu'elle mange, c'est mauvais pour elle". Alors là, politesse extrême ou pas, j'ai secoué la main (mais il tenait fort, et bon, il est très âgé, je ne voulais pas lui faire mal, alors ma grand-tante, qui a vite compris l'incident diplomatique, m'a aidée à me dégager), et je suis repartie à ma place toute énervée (avec un sourire vers ma grand-tante, du genre "T'inquiète pas, ce n'est pas grave", mais là, c'était pour la rassurer).

J'ai saisi ma fourchette, et puis là, non, je ne pouvais pas. J'avais réussi à gérer le repas plutôt bien, il me restait de la faim à combler. Mais j'étais trop énervée, je savais que je n'allais pas pouvoir en profiter. J'ai reposé la fourchette. J'ai fait un peu de RPC, et puis j'ai écouté les conversations autour de moi, en acceptant d'avoir été bouleversée (pas dans le sens d'avoir envie de pleurer - ce qui aurait été le cas avant. Dans le sens : super en colère. Que ce mec, ancien docteur, en plus, ait voulu me donner des leçons pour maigrir, à moi qui ai pris des dizaines de kilos grâce aux judicieux conseils des pro-régime, alors même que j'entrevoyais une vraie solution à mon problème... J'étais vraiment en colère), mais en remettant à plus tard le fait d'analyser tout ça.

Et puis j'ai repris ma fourchette, quand j'ai été prête (encore en colère, mais plus sur le versant bouillant et précipité), et j'ai mangé en mode dégustation-réconfort. 
C'était la pâte feuilletée du siècle, pile l'aliment idéal que je n'avais pas trouvé dans le tortillon de pâte feuilletée du marché. Le réconfort a marché à fond, rien à voir avec le petit réconfort que j'avais pratiqué sur ma petite anxiété. J'avais une grosse colère inexprimée (et pas possible à exprimer pour le moment), et la pâte feuilletée a fait s'envoler mes soucis. Provisoirement, bien sûr : le réconfort alimentaire ne résout rien, même pour les mangeurs régulés. Ça permet juste de ne pas se noyer dans l'inconfort. Mais ça fonctionne ! J'ai pu profiter à fond du reste de la journée.

Plus tard, le soir, pendant ma respiration de pleine conscience, j'ai réfléchi à tout ça. J'ai laisser ma colère s'exprimer en moi, j'ai noté les effets physiques que ça me faisait. Je l'ai petit à petit digérée. J'ai réfléchi aux causes de ma perturbation. Je pense que si ça ma autant remuée, c'est que j'ai pris conscience que j'ai grandi. On ne peut plus me parler comme si j'avais 10 ans et que je ne savais pas m'alimenter. Je me laissais parler comme ça jusqu'à il y a peu, mais maintenant, c'est terminé. Depuis que je sais que les régimes ne sont pas une solution au surpoids, je ne peux plus écouter les leçons d'un pro-régime. Je trouve ça d'une incommensurable bêtise. Et j'ai acquis un peu plus de respect de moi-même, un peu plus de conscience d'être une vraie adulte, pas une adulte mal grandie. Avec des défauts, c'est sûr, des imperfections, mais une vraie adulte quand même.

Du coup, ma colère a disparu (il m'en reste encore un peu, mais ce n'est plus de la colère, c'est de l'indignation). Il me restait le ressentiment envers le mari de ma grand-tante. C'est comme ça, je suis comme ça : j'ai besoin de chercher pourquoi les gens sont idiots ou méchants. J'ai encore de grandes illusions sur la nature humaine, et elles me sont précieuses, je tiens à les garder.
J'ai continué à réfléchir, j'ai essayé de me placer de son point de vue à lui. Et finalement, je me dis que s'il a agi comme ça, c'était pour m'aider, par respect et amitié pour ma mère. Dans son schéma de pensée, je suis en danger, il faut me sauver, et un régime est le seul moyen de me sauver.

Du coup, ça va beaucoup mieux. Je suis toujours indignée, je ne l'aime toujours pas, mais je peux envisager un jour de lui pardonner. C'est idiot, mais c'est important pour moi de pardonner, ça rend zen. Moins il y aura de pensées négatives dans le monde, mieux il se portera. C'est ma manière à moi d'être écolo : tenter de ne pas polluer la planète avec des pensées négatives.
Bon, après, les pensées négatives envers les gens, c'est comme les EME : on travaille pour les éviter, mais on n'y arrive pas toujours !!!

2 commentaires:

Jo-Elle a dit…

Bravo pour cet excellent billet, Pattie !

Pattie a dit…

J'ai mis longtemps à pouvoir l'écrire.