vendredi 28 mars 2014

Caliméro en pleine tentative de défusion

9/03

J'ai terminé pour le moment de publier les posts que j'ai écrit dans le forum.

En ce moment, je suis toujours sous le coup du dernier. Ça m'avait vraiment destabilisée, cette EME déguisée en faim. Trois jours après mon post en forum, j'ai toujours cette impression d'avoir une toute petite faim très très vite satisfaite. Je fractionne énormément, et j'ajoute toujours une note de réconfort à mes repas, parce que ça n'est vraiment pas un ressenti facile à accepter.

Il y a déjà quelques mois, quand j'ai découvert que mon appétit était beaucoup plus petit que ce que je croyais, ça m'avait déjà embêtée. Mais là, en ce moment, il est devenu encore plus petit. C'est assez frustrant (du coup, j'en profite pour explorer la frustration !).

Maintenant, ça fait trois jours, je ne suis plus aussi déstabilisée, je me suis adaptée. Ça me fait encore râler, mais je n'attends pas que ça disparaisse - parce que si ça se trouve, ça ne va pas disparaître. J'organise mon alimentation en fonction de ce tout petit appétit, je suis le plus à l'écoute possible de mes appétits spécifiques. Hier, il y avait des épinards, du gratin pomme de terre-chou fleur-béchamel et un croque-monsieur. Je n'avais pas faim. J'ai attendu.

Et elle est arrivée, avec une intense envie de maquereau en boîte. J'avais le goût dans la bouche tellement j'en avais envie. Du coup, j'ai rangé le gratin, j'ai mangé les quelques bouchées d'épinards qui restaient, oublié le croque-monsieur, et je me suis régalée avec la boîte de maquereau (citron basilic, sans huile - et heureusement, parce qu'avec de l'huile, ça m'aurait calée trop vite, sans pouvoir me régaler complètement avec le poisson !) et du pain.

A la fin, il me restait un tout petit peu de faim. J'ai choisi de la dépasser en mangeant un dessert (tartelette chocolat coco, au rayon frais, à côté des yaourts). Je l'ai dégusté. C'était moins bon que le maquereau (vraiment moins bon !), mais j'avais besoin de me réconforter avec un produit sucré.

Je pense qu'en ce moment, ce qui me pose problème, ce n'est pas ce tout petit appétit frustrant. La frustration ne me fait plus manger en ce moment, pas quand je la reconnais. Là, ce qui me gêne, c'est surtout le sentiment d'injustice.

 Du coup, je vais tenter (expérimentalement) la défusion. Il y a un fil qui en parle, dans le forum. En gros (je résume vaguement, hein, mais peut-être que j'achèterai le livre dont parle la forumeuse), ça revient à identifier une pensée ou une émotion qui tourne en boucle dans notre tête, et à lui donner un nom, à se répéter tout ça avec une voix rigolote, à se le chanter sur un air connu. La prochaine fois que la pensée ou l'émotion revient, on la salue, on la reconnaît, on lui met son étiquette, et on continue le fil de sa vie.
Ça permet de prendre conscience de la distance entre l'émotion ou la pensée et la réalité. La réalité, c'est que voilà, j'ai un tout petit appétit en ce moment. L'émotion, c'est que je trouve ça vraiment trop injuste. Et ma voix rigolote, ben ça va être Caliméro ! La prochaine fois que je ressens ça, j'essaierai de me dire "Tiens, Caliméro vient me faire un petit coucou !" Et je verrai bien si ça fonctionne.



C'est vraiment trop injuste que mon appétit soit tout petit alors que d'autres personnes peuvent se régaler de grandes assiettes, avoir de la faim tout au long du repas, et même profiter d'un goûter entre le repas de midi et celui du soir sans compromettre leur faim du soir.

C'est vraiment trop injuste que je doive décortiquer mes émotions alors que d'autres se contentent de les vivre, de les ressentir pour ce qu'elles sont.

C'est vraiment trop injuste que je doive fractionner de plus en plus pour retrouver une compétence que d'autres ont naturellement et que j'étais toute heureuse d'avoir à mon tour : l'appétit prévisionnel, la capacité à doser sa prise alimentaire (plus ou moins instinctivement) pour permettre à la faim de se déclencher à l'heure du repas. Je savais le faire avec mon appétit de la semaine dernière, je ne sais plus le faire avec ce nouvel appétit qui menace de s'installer durablement.

C'est vraiment trop injuste de penser que peut-être, je vais faire partie de ces tout petits appétits dont parlent le Dr Apfeldorfer et le Dr Zermati, qui ont si peu faim que leurs prises alimentaires ne suffisent pas à couvrir leurs besoins, et qui doivent prendre des compléments alimentaires pour compenser.

C'est vraiment trop injuste !

(Je ne sais pas si ça va marcher, mais en tous cas, j'ai trouvé l'expérience drôle, et ça m'a soulagée d'écrire tout ça !)

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