Ecrit sur le fil "La tentation" du forum de Linecoaching, consacré aux tentations des repas conviviaux, notamment familiaux, notamment chez les parents.
19/02
En réponse à une forumeuse qui parlait d'un déclic dans la tête qui n'arrivait pas.
Pour moi, ça n'est pas un déclic dans la tête, c'est un apprentissage,
notamment corporel. Je ne sais pas si ça fera un jour un déclic dans ma
tête, mais ce que ça me fait pour le moment, c'est une familiarisation
avec des sensations, qui font que je préfère ne pas faire un week-end
trop copieux, à cause des sensations corporelles positives que j'ai
quand j'ai respecté ma faim et mes envies.
En réponse à une autre forumeuse, qui parlait de la tarte de sa grand-mère et de sa difficulté à se dire qu'elle pouvait arrêter d'en manger quand elle n'avait pas faim, que ça n'était que de la nourriture.
Ca n'est pas que de la nourriture. Il y a toujours davantage,
derrière les aliments (j'ai adoré lire les passages sur ça, dans "Mangez
en paix" du Dr Apfeldorfer, ça m'a beaucoup appris). Une tarte de ta
grand-mère, c'est de l'amour, c'est son expérience, son plaisir à
nourrir son entourage, sa patience à pâtisser, le temps qu'elle a passé à
faire et à refaire jusqu'à obtenir ce résultat, son obstination ! En
mangeant cette tarte, tu manges tout ça. Donc non, ce n'est pas que de
la nourriture. C'est bien pour ça que ça n'est pas facile !
Les
conseils que les autres t'ont donnés sont excellents (avoir la recette, en emporter pour plus
tard). Discuter de la recette, exprimer le désir d'en profiter une fois
chez toi, ça permet aussi à l'amour de circuler. Avoir la recette des
truffes au chocolat noir de mon frère m'a aidée à ne pas trop me lâcher
dessus à Noël, et c'est aussi une forme de remerciement envers lui, qui
avait pris la peine de les faire. En emporter pour plus tard, ça m'aide,
quand je suis chez mes parents, à ne pas prendre de la brioche maison
au petit-déjeuner alors que je n'ai pas faim au petit-déjeuner, et c'est
aussi une forme d'échange d'amour : ça fait plaisir à ma mère de me
nourrir, même en différé, et ça me fait plaisir de manger ce qu'elle
confectionne.
Mais je dépasse toujours ma satiété, chez mes
parents. On est en famille, c'est festif, on est content. Je la dépasse
cependant de moins en moins. L'avant-dernière fois, il m'a fallu une
bonne demi-journée pour avoir de nouveau faim, au lieu d'une journée.
Là, en un quart de journée, elle est revenue.
Pour y arriver, je fais un
tour côté cuisine pour savoir ce qu'il y a au menu. Et je fractionne en
conséquence. Si j'ai une grosse envie de brandade de morue, je prends
peu du reste. Si c'est le dessert qui me tente, je prends peu des autres
plats et une part normale du dessert. Je fais aussi impasse sur ce qui
me tente peu, ça me laisse de l'appétit pour ce qui me tente vraiment.
Je laisse aussi de côté ce que je mange couramment chez moi, sauf si
j'en ai très envie (par exemple une mandarine : je m'en suis régalée ce
week-end chez mes parents, parce que j'en avais très envie, mais en
principe, je les évite, je préfère les gâteaux de ma mère, que je n'ai
pas chez moi).
Mais les repas de famille, chez nous, ça tient un peu du
buffet. Il y a plein de choses sur la table, et chacun se sert comme il
veut. C'est parfois rageant de voir que "comme je veux", c'est à peine
un quart de ce qui est dans l'assiette de mes frères ou de mes
belles-soeurs (même mon neveu de 4 ans a un plus gros appétit que le
mien - quoiqu'il ne finit pas toujours ses assiettes, donc peut-être pas). Mais
ça fait du bien de ne pas me sentir lourde après le repas, d'avoir faim
au repas suivant, de ne pas sentir que je dois manger absolument d'un
aliment, parce que c'est maintenant ou jamais, de ne pas me demander
comment je vais rattraper "ça", comme quand j'étais au régime.
"Ça",
c'est du bonheur familial, ça ne se rattrape pas, ça se déguste, mais ça
se déguste en entier : l'aliment, oui, et puis son histoire, la
conversation, les gens, le mouvement, tout - mais pas forcément en même
temps. Quand je suis chez mes parents, je suis plus attentive à ne pas
mettre un aliment dans ma bouche si je participe à une conversation,
même simplement avec les oreilles. Finis les avalages rapides de
bouchées pour pouvoir donner mon avis dans une conversation. Soit je ne
donne pas mon avis dans la seconde (et bon, je dois reconnaître que le
monde n'y perd pas tant que ça, même si j'adore mettre mon grain de sel
partout), soit je diffère ma bouchée.
En tous cas, c'est drôlement
intéressant de "travailler" sur les repas conviviaux, notamment
familiaux. Il y a de la matière, et on y voit l'évolution de notre
comportement, ou bien on y met le doigt sur ce qui coince.
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3 commentaires:
J'ai beaucoup de mal avec les recettes familiales ; effectivement, j'y rattache plus que de la nourriture.
Je redis que je trouve l'idée de demander les recettes en amont excellente pour ne pas se ruer sur le plat en aval !
Je suis contente que vous ayez repris vos publications, je trouve peu de blogs qui sont "Zermati Friendly" ! Vos messages sont très instructifs pour moi qui essaie de me reconnecter plus étroitement avec mes sensations. Ce billet sur la nourriture qui n'est pas juste de la nourriture est tout à fait pertinent. Je dépasse toujours (beaucoup) ma satiété lors des repas familiaux parce qu'effectivement je culpabilise de ne pas goûter à tous les plats... (Bizarrement chez des amis ça me dérange moins!)
Merci pour votre message !
Tout ce que j'ai écrit, je l'ai expérimenté à partir du livre du Dr Apfeldorfer, qui est un vrai régal à lire !
Bon chemin de reconnexion à vous !
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