mercredi 19 mars 2014

Garde-robe

Ecrit dans le fil "Mes inconforts du moment" du forum Linecoaching.

19/02

Je suis en train d'expérimenter les RPC pas top, et j'ai lu un passage, dans le chat de ce soir avec le Dr Apfeldorfer, qui donne de l'écho à mes réflexions.

Parfois, quand je suis énervée, la RPC me pose et me soulage de cette agitation. Parfois non, le niveau d'agitation est plus haut, ou bien c'est lié à un état physique (pas assez dormi, approche des règles). Dans ces cas-là, je me dis que je ne fais pas tout bien comme il faut, que ça ira mieux demain.

Mais depuis quelques semaines, je commence à me dire qu'en fait, il n'y a pas vraiment une bonne et une mauvaise manière de centrer son attention sur la respiration et d'observer ce qui se passe dans le moment présent, puis de revenir à sa respiration.

Du coup, j'entrevoyais l'atroce vérité : si la RPC n'est pas top, c'est simplement qu'elle n'est pas faite pour me soulager. Elle me permet juste de constater que je suis agitée. Parfois, ce simple fait suffit à me rasséréner, parfois non. Ça veut dire qu'il va falloir que j'accepte d'être parfois énervée.

Je le savais déjà, mais seulement en surface, j'avais saisi "intellectuellement" que la RPC n'était pas un moment magique guérisseur, et que l'acceptation était la seule réponse possible pour des émotions récurrentes. Mais je n'en étais pas au point de l'expérimenter consciemment, si je puis dire. Me dire que je n'étais pas assez concentrée, c'était plus facile que de me dire qu'il allait falloir renoncer à l'idée de guérir magiquement mes moments d'énervement. Il va falloir que je cherche ce qui m'a énervée, que je vois si je peux l'éviter ou si je vais devoir en passer par-là. Pfiou. Rien que d'y penser, ça m'énerve !


Aujourd'hui, la cause mon énervement, c'est que :

- j'ai passé trop de temps sur le net, à la recherche de vêtements.

- Mes pantalons sont trop grands. Ce qui est plutôt cool, mais du coup, ça fait une dépense. J'ai déjà acheté une garde-robe complète quand j'ai perdu beaucoup de poids avec un régime, puis une partie de garde-robe quand je l'ai repris. Devoir acheter des vêtements pour changer de taille, c'est un peu agaçant, ça me rappelle des espoirs déçus, et je suis financièrement plus serrée que quand j'étais dans la phase espoir, il y a 6 ans.

- J'ai commandé deux pantalons, sur Balsamik, ils sont arrivés aujourd'hui, et ils étaient trop grands (d'un côté, c'est assez agréable, mais d'un seul côté). Donc en fait, soit j'ai perdu deux tailles au lieu d'une, soit Balsamik taille plus grand. Dans les deux cas, c'est agaçant, parce que ça me rappelle quand j'errai dans les magasins de vêtements, chargée des mêmes vêtements en trois tailles, parce que je ne savais pas quelle était ma taille, ça changeait trop, je ne me reconnaissais pas, ce qui est très déstabilisant, et les différentes marques ne taillent pas de manière uniforme.

- Du coup, comme j'ai renvoyé les deux pantalons trop grands d'une taille, je vais devoir mettre les deux que j'ai déjà, qui sont trop grands de deux tailles, et ça devient désagréable. Mon nouveau pull tombe bien avec les pantalons d'une taille de trop, pas avec les vieux.

Je me sens agitée, énervée, impatiente, j'ai une sourde angoisse que le cercle recommence (maigrir, grossir, et rebelote), j'ai peur de trop espérer et d'être déçue. Je ne me sens pas encore prête à être mince (bon, j'ai encore une large marge avant d'en être là). Je ne suis plus la même que quand j'ai fait mon régime il y a 6 ans, mais je n'en suis pas encore si différente, pas vraiment plus solide.

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Ça m'a vraiment fait un sale effet, de constater que j'avais changé de taille. Ça m'a replongée dans les ressentis du régime, j'ai détesté éprouver ça. Un vrai gros inconfort. Je l'ai digéré petit à petit, parce que j'ai osé l'écrire. En principe, les filles qui râlent parce qu'elles ont perdu une taille, ça m'agace un peu, j'avoue. Là, ben tant pis, c'était moi, la fille qui râle, et c'était pas une râlerie de coquetterie. Avec le recul, je me dis que le problème n'est pas de me sentir ou pas prête à être mince, mais plutôt prête ou pas à encaisser le mal-être de retrouver des pensées et des émotions liées à un régime. Ces pensées et émotions, je ne les ai jamais ressenties autrement. Je n'ai jamais été mince à moins de sortir d'un régime. La dernière fois que j'ai été mince "naturellement", c'était quand j'avais 4 ou 5 ans.

4 commentaires:

Cicciotella a dit…

Je n'ai pas dû comprendre ce que tu voulais dire.
Ce qui te contrarie, c'est d'avoir perdu une taille, comme quand on fait un régime, et de n'avoir plus rien à te mettre ?
A part le souci financier, je ne vois pas où est ta contrariété, en fait. Tu as l'impression de faire un régime ? Et pourtant, la comparaison s'arrête là : tu n'as aucune des frustrations alimentaires d'un régime. Alors, que se passe-t-il ?
As-tu peur de maigrir ? Quel deuil fais-tu avec cette taille de vêtement ? Que s'est-il passé il y a six ans, quand tu faisais le précédent régime ?...
Autant de réponses qui t'appartiennent mais que j'ai envie de poser, parce que je n'ai vraiment pas tout compris.

Et si, pour quelques temps, tu achetais tes pantalons dans les friperies ? On balance plus volontiers un pantalon qui ne nous va plus quand on ne l'a pas payé bien cher.

Pattie a dit…

Le problème, c'est qu'il y a six ans, j'ai progressivement changé de poids, donc de taille, sur trois ans. J'ai racheté un peu, au fur et à mesure, et ma mère m'a passé ses vêtements (elle avait entamé un régime un peu avant moi, donc même si on n'a pas les mêmes goûts sur tout, ça me dépannait). C'était un vrai plaisir, euphorique. C'était la première fois que ça changeait si vite et si longtemps.

Ensuite, j'ai eu un problème de décalage : je ne me reconnaissais plus, et ça m'a beaucoup perturbée. Je me suis achetée un appareil numérique, et j'ai pris mon visage en photos, plein, ça m'a permis de me familiariser avec. J'ai eu aussi un problème de décalage avec le choix de ce qui m'allait. Soudain, au lieu de me cantonner au rayon "Rondes", je pouvais chercher dans tout le magasin. La première fois, je suis sortie du magasin, tellement ça m'a affolée, tout ce choix. Après le premier choc, c'était le rêve, même si je ne savais pas ce qui m'allait.

Tout ça, ça m'a demandé des efforts d'adaptation. De loin, on ne dirait pas, mais c'est un sacré travail psychologique.

Et au final, quand je m'y suis plus ou moins adaptée, j'ai commencé à reprendre du poids et à refaire le chemin en sens inverse, en trois ans aussi.

De voir ces nouveaux pantalons trop grands, ça m'a reprojetée en arrière, à l'époque de l'euphorie, du décalage tête/corps, mais avec le recul de la reprise de poids. Ca m'a reprojetée dans ma garde-robe de l'époque, que j'ai en grande partie donnée (à part quelques pièces que j'aime trop pour m'en séparer, mais ça doit tenir dans un carton, manteaux compris).

Le moment où je me suis débarrassée de ma garde-robe, ça a été très douloureux, déprimant. C'est le jour où j'ai cherché un site de régime en ligne, pour ne pas céder à la déprime. Deux ou trois jours plus tard, j'ai trouvé LC, et j'ai commencé ce blog. C'était fin août. Mais du coup, pour moi, le traumatisme de la garde-robe, c'est tout frais.

C'est ça, qui a été réactivé par les nouveaux pantalons trop grands : la peur de l'échec inéluctable, d'une part et de sa lenteur, qui permet d'investir une énergie phénoménale pour accepter un nouveau corps et le reperdre inévitablement. Alors que si on savait qu'on allait échouer, on ferait moins d'efforts ! En gros, en langage de défusion, c'était un moment où l'Echoueuse Chronique était aux commandes, poussez-vous de devant mon platane que je puisse m'écraser dessus en beauté !

Maintenant, ça va mieux. Je me dis qu'échouer ou pas, c'est pas le nœud du truc. Le nœud du truc, c'est que je n'envisage plus de manger sans faim (sauf obligation sociale ou professionnelle et EME !), que je vis comme je veux vivre tout le reste de ma vie : manger ce que je veux, en profiter comme jamais je n'ai profité de la nourriture depuis mes 5 ou 6 ans, être attentive à moi, à mes émotions, à mon bien-être, à mes besoins, à mes inconforts. Pendant mon régime, ça n'était pas le cas. Je mettais les choses de côté pour tendre vers l'après-régime.

Mais la garde-robe, ça reste un problème. Mes nouveaux pantalons sont revenus, dans la bonne taille, mais je les ai mis deux fois. D'un côté, ils sont un peu trop chaud, le printemps a devancé la Poste. Mais en vrai, je préfère mes bons vieux pantalons trop grands pour le moment. Ils ne me projettent dans aucun ancien traumatisme.
N'empêche, il va falloir que je rachète des pantalons légers. J'ai pas fini de geindre ! L'année dernière aussi, j'ai racheté des pantalons légers, parce que les anciens étaient trop petits. Là, je dois racheter parce que les "nouveaux" anciens sont trop grands. Ce sont les deux faces d'une même pièce, vu de mes lunettes d'Echoueuse Chronique.

Cicciotella a dit…

OK, ça y est, cette fois, j'ai compris !
Tu as un profond sentiment d'amertume et de gâchis rétrospectif, et peut-être d'angoisse, en te disant que rien n'est définitif, pas même les succès.
Mais je vois aussi que tu es bien consciente que la méthode que tu suis n'est pas un régime, que n'ayant aucune frustration renvoyée à l'après-régime, il n'y aura donc aucun effet de rebond, même si un jour tu atteints le poids qui te plais, puisque tu l'auras atteint en mangeant toujours ce qui te faisait plaisir.
Pourtant, j'ai tendance à penser (mais c'est mon ressenti à moi) que garder des pantalons trop longs ne te sors pas de cette problématique : en effet, qui te dit qu'ils ne vont pas se "re-remplir" ? Tandis que (passés les moments angoissants de recherche de nouveaux pantalons et de rangement des anciens) en mettant des pantalons qui te vont, il n'y aura plus la sensation "j'ai maigri" mais "je porte un pantalon". A la limite, s'il te serre un peu, il te rappellera que la route n'est pas finie.

Chaussons les lunettes roses de la Gagnante-quoi-qu'il-arrive : t'as vu, ça va faire deux ans que tu as des pantalons à la mode de la saison !

Pattie a dit…

J'adore ta conclusion !
Oui, c'est vrai, il y a un truc à travailler, là.
Changer ma garde-robe tout au long des trois ans de perte, à part au moment où j'ai senti le décalage entre mon image interne et la réalité, c'était un vrai plaisir. Chaque vêtement était un trophée de victoire.
Maintenant, il faut que j'arrive à ne plus le voir comme un futur symbole d'échec, mais comme un élément fonctionnel. (Plus tard, je le verrai comme un élément de plaisir, mais déjà, ne pas devoir remonter mon pantalon, ça serait pas mal).