dimanche 16 mars 2014

"Pattie Sauve Le Monde" (ou "Le stresseur poids")

Ecrit sur le fil "Victoires du jour" du forum Linecoaching.

28/01

J'ai commencé Linecoaching fin août. Je n'ai pas de piles dans ma balance à piles, donc je ne me pèse que chez le médecin, tous les deux mois environ.

La première fois après Linecoaching, ma perte de poids était très importante, tous les kilos de glace Magnum mangées sans faim tout au long de l'été ont fondu. Mon médecin était étonné, il m'a demandé ce que je faisais, j'ai expliqué rapidement (faim --> je mange. Pas faim --> j'essaie de ne pas manger). Il n'avait pas l'air convaincu, mais il m'a encouragée à continuer, puisque ça fonctionnait.

La deuxième fois, une perte moins importante. Mon médecin a eu l'air rassuré, ce qui m'a énervée intérieurement, je me suis dit qu'il pensait "oui, bon, ça vaut pas un régime quand même" (alors que si ça se trouve, il ne pensait pas ça). Il m'a dit de continuer et m'a demandé le nom, que j'ai donné volontiers.

Et ce soir, encore une perte, pas de quoi sauter au plafond pour crier à la méthode miracle, mais ça n'empêche qu'en tout, j'en suis à 10 kilos, sans aucun régime, que du plaisir et une manière différente de gérer mes envies de manger émotionnelles. Il m'a redemandé le nom, j'ai répété : Zermati, Apfeldorfer, le site du GROS. Et cette fois, il l'a noté. Ca m'a fait vraiment plaisir. Je me dis que peut-être, il va se renseigner, et que la prochaine personne en surpoids qui lui demandera des conseils, il lui en donnera de vrais bons, pas juste un régime.

Entre la deuxième visite et la troisième, j'ai pris du recul, parce que ça m'avait agacée d'être agacée. Déjà parce que j'étais agacée par une pensée que je lui avais attribuée, qu'il n'avait peut-être pas eue (parfois, comme ça, je me joue le film à moi toute seule, je joue tous les rôles). Et puis surtout, j'ai réalisé que je m'investissais quasiment d'une mission : "Sauver Ma Ville Des Régimes En Montrant Le Bon Exemple Pour Convaincre Le Médecin" (prochainement sur vos écrans, avec moi dans tous les rôles). Donc maintenant, j'ai ralenti un peu mon investissement très actor studio dans le premier rôle de mon film intérieur. Parce que je ne tiens pas à me sentir "tenue" de réussir. Ça doit venir de moi, de mes sensations de bien-être, de plaisir, de capacité naissante à pouvoir accepter mes émotions, ça ne doit plus venir d'un "devoir" que je me crée (et puis en plus, je n'ai rien à me mettre pour les Oscars, si mon film intérieur est sélectionné !)

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Le "ça doit venir de moi", c'est dans le fil des mes réflexions après la lecture du chapitre sur l'hyperempathie, dans "Maigrir c'est dans la tête" du Dr Apfeldorfer. Il y parle du lieu de la décision, extérieur et intérieur.

5 commentaires:

Cicciotella a dit…

J'aime beaucoup ce billet.
D'abord il m'encourage : non, vous ne prenez pas toutes 10 kg en essayant de n'écouter que votre satiété ! Donc moi, je vais peut-être reperdre tout ça...

Ensuite, c'est vrai qu'on se sent pionnière et donc investie d'une mission. On finit par se corriger de cette impression en se recentrant sur son cas, qui ne doit être représentatif que de soi-même ! Dans le même ordre d'idée, je n'ai pas osé aimer la page de Linecoaching sur Facebook, parce que j'ai estimé qu'avec mes "pataugeries" actuelles, je leur faisais plutôt une contre-pub...

Peut-être que ton médecin, après ta première perte, a eu un peu peur que tu ne lui racontes des blagues pour couvrir un régime abracadabrant dont tu n'oserais pas lui parler... le ralentissement l'a rassuré dans le sens où il s'est dit que tu n'étais pas en train de te payer une anorexie clandestine et qu'il n'y avait rien que du sain là-dedans.

Pattie a dit…

Oui, pour le médecin, c'est ce que je me suis dit après.

Ca n'est pas une contre-pub, je pense. C'est pas simple, Linecoaching. Je pense que parfois, ça peut ne pas être le bon moment. C'est bien aussi de savoir, avant de se lancer dedans, qu'il y a des personnes déçues.

J'ai eu de la chance, j'avais vécu un régime qui avait fonctionné, puis une reprise progressive et inexorable, et pour finir un été alimentairement débridé. Je mangeais toujours au-delà de ma faim, je n'ai pas eu faim une seule fois de tout l'été. Du coup, Linecoaching a très bien fonctionné pour moi, avant même d'envisager de me laisser éprouver mes émotions niées : ça me parlait vraiment de ne plus me mettre la pression d'un régime (puisqu'on finit par reprendre le poids), je ne voulais plus autant de violence envers moi, j'en avais marre. Et ça ne pouvait pas me faire grossir, je mangeais déjà largement au-delà de ma faim.

Si j'avais croisé LC juste après mon régime, je pense que ça m'aurait stressée, parce que j'étais certainement en dessous de mon set-point, donc fatalement, j'aurai grossi, et je n'étais pas prête, à l'époque, à accepter un autre poids.

Et peut-être (mais là, j'en suis moins sûre !) que si je l'avais croisé avant mon régime, je l'aurais moins bien vécu. J'aurais eu dans la tête qu'avec un bon régime, ça marcherait aussi bien. Là, je venais de me prouver que non.

M'enfin, pour moi, la notion de manger à sa faim, de petit appétit, de ne pas se préoccuper des préceptes de santé, puisque le corps sait réclamer ce dont il a besoin (et que comme par hasard, quand on ne le traumatise pas par un régime, il réclame des nutriments mentionnés dans lesdits préceptes), c'était complètement nouveau. Personne ne m'avait dit ça en près de 35 ans de surpoids et d'obésité. J'ai toujours connu la diabolisation de certains aliments, la sanctification d'autres aliments, sans parler de tous les régimes où j'ai mangé sans faim, parce que la faim fait perdre son sang froid, c'était LA chose à éviter.

Sinon, c'est vrai que sur LC, on parle peu de chiffres. Parce que c'est vrai que le chiffre devient moins important. Ma perte me fait plaisir. Mais mes nouvelles "compétences" me changent complètement la vie. Les chiffres, c'est l'arbre qui cache la forêt.

Cicciotella a dit…

Oui, mon médecin est encore très dubitative sur le fait que je n'envisage pas de régime.
Que j'aie, maintenant que je m'alimente à ma faim, plus d'énergie que je n'en ai jamais eu de ma vie (hors période de dépression saisonnière, bien sûr), ça n'est pas pris en compte.

Pattie a dit…

Mon médecin a tout de suite trouvé ça logique. Par contre, il ne voyait pas en quoi ça changeait quelque chose. Pour lui, manger à sa faim est normal. On a réalisé, lui et moi, à la dernière visite, qu'il ne savait pas que je ne savais pas. Il devait penser que je mangeais plus ou moins à ma faim, comme "tout le monde", mais que comme je choisissais des aliments caloriques, je grossissais. Il a commencé à entrevoir que le problème était vraiment différent. Je ne sais même pas s'il a compris l'ampleur de mon ignorance sur le rôle des sensations alimentaires.

Cicciotella a dit…

Oui, la plupart des médecins pensent que c'est par ignorance de la diététique que leurs patients grossissent.
On le voit dans ces émissions bien intentionnées ou ces reportages où l'on voit des obèses en pensionnat ou des adultes, rassemblés dans une cuisine pour prendre un cours de cuisine légère et de diététique. Pour certains d'entre eux, c'est sûrement nécessaire : ils ignorent le goût d'un légume vert et ne sont jamais sortis des féculents, voire de la junk food.

Mais moi, qui dévore des livres de diététique et ai collectionné tous les magazines où le mot "régime" figurait en couverture à peine sortie de l'enfance, je t'assure que ça n'était pas de l'ignorance !

Ils vont bien finir par comprendre ce qu'est une EME, une compulsion alimentaire et arrêter de prescrire des régimes à ceux qui en souffrent !